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Une «affaire»
Lolita?
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swissinfo |
15 avril
2004 15:00 | |
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Détail de l’affiche du film
de Stanley Kubrick. (image: amazon.com)
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De 1961 à
1977, date de sa mort, l’écrivain russe Vladimir
Nabokov a coulé des jours heureux à Montreux,
grâce notamment au succès de
«Lolita».
Mais la sulfureuse
nymphette de Nabokov aurait une ancêtre, née sous
la plume d’un écrivain allemand en
1916… | | |
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«Lolita», de Vladimir
Nabokov, a connu et connaît le succès que l’on sait. A
tel point que c’est notamment grâce aux revenus
réguliers que lui apportait ce roman que l’écrivain
d’origine russe a pu vivre tranquillement les seize
dernières années de sa vie au Montreux-Palace, sur la
riviera lémanique. De retour des Etats-Unis, où il avait
enseigné, il s’y était installé en 1961 avec sa femme
Vera.
Avec «Lolita», Nabokov a signé en 1955 un
livre-phare de la littérature du XXe siècle. Mais il a
également apporté un nouveau mot au patrimoine
linguistique mondial: «lolita: nymphette», définit le
Petit Larrousse, en mentionnant le livre de Nabokov
comme origine à cette acception commune – une lolita –
de ce qui n’était jusque là qu'un nom
propre.
Une nouvelle
allemande
Mais voilà qu’à fin mars,
dans le «Frankfurter Allgemeine Zeitung», le critique
allemand Michael Maar signale que le personnage qui fit
la gloire de Vladimir Nabokov est né bien avant les
années cinquante, en 1916, sous la plume d'un auteur
allemand méconnu qui vient d'être redécouvert.
Né
en 1890 à Marbourg, au sud-ouest de l'Allemagne, le
journaliste Heinz von Eschwege publie en 1916 sous le
pseudonyme de Heinz von Lichberg «La Joconde maudite»,
un recueil de nouvelles dont l'une est intitulée
«Lolita».
Le narrateur, un homme mûr venu
d'Allemagne, s'installe dans une pension d'Alicante.
Rien «ne semblait en mesure de gâcher une semaine de
beauté paisible», dit-il.
«Jusqu'à ce qu'au
deuxième jour, je vis Lolita, la fille de Severo»,
l'aubergiste. «Elle avait le sang jeune et, en plus de
ses yeux méridionaux ombragés, des cheveux d'une teinte
rare, un rouge doré. Son corps avait la finesse et la
souplesse d'un garçon et sa voix était pleine et
sombre»…
On pense bien sûr à Humbert Humbert en
quête d'un refuge tranquille au Texas, où il pourrait
écrire. Humbert Humbert qui s'apprête à refuser une
chambre dans une pension lorsqu'il aperçoit la fille de
la patronne, Dolores, c'est-à-dire Lolita… On connaît la
suite.
«La ressemblance de l'action, de la
perspective de narration et du nom des protagonistes»
sont frappants, écrit Michael Maar, mais, relève-t-il,
«il n'y a pas de règles logiques qui déterminent à
partir de quand les coïncidences cessent d'être des
coïncidences».
Plagiat ou pas
plagiat?
La question est donc:
Nabokov a-t-il lu la nouvelle de Lichberg? Ayant vécu de
1922 à 1937 à Berlin, dans le même quartier que l’auteur
allemand, la chose n’est pas impossible.
Car s'il
évoluait principalement dans la communauté russe de
Berlin, Nabokov parlait semble-t-il suffisamment
allemand pour s'entretenir avec son épouse germanophone
ou pour traduire des poèmes de Heinrich Heine en
russe.
Mais, dans le magazine allemand «Der
Spiegel», le critique Marcel Reich-Ranicki dégaine un
contre-argument de poids: s'il s'agissait d'un plagiat,
dit-il, «il lui aurait été facile de le cacher et par
exemple de donner un autre nom à son héroïne
(...)».
De son côté, Dimitri Nabokov, le fils de
l’écrivain, dans un mot envoyé au critique Dieter Zimmer
parle de «tempête dans un verre d’eau ou de
mystification délibérée». Dans une lettre adressée au
journal britannique «The Guardian», il constate par
ailleurs que la seule réelle similitude entre la
nouvelle et le roman est le nom de Lolita, l’intrigue
elle-même étant une intrigue basique largement répandue
dans la littérature.
Une intrigue basique, sans
doute. Mais racontée par Vladimir Nabokov avec une telle
force – puissance du trouble, du désir, puis de la
dérive d’Humbert Humbert – que l’origine de son
inspiration, finalement, nous importe assez
peu.
Restent les mots de Nabokov, et, dans une
mesure non négligeable, les images de Kubrick… Et puis
un nom, bien sûr, Lolita, un nom qui n’aurait jamais
rayonné d’une telle aura si l’écrivain russe ne lui
avait offert sa plume.
swissinfo, Bernard
Léchot | |
URL de cet
article
http://www.swissinfo.org/sfr/Swissinfo.html?siteSect=105&sid=4867415 |
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Liens |
L’article du
«Guardian»: http://books.guardian.co.uk/news/articles/0,6109,1184309,00.html
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Vladimir Nabokov à
Montreux: http://switzerland.isyours.com/f/celebrites/bios/83.html
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Nabokov sur
Montreux.ch: http://www.montreux.ch/commune/celeb09.html | |
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- 1899: Naissance de
Vladimir Nabokov à Saint-Petersbourg.
- 1955:
Installé aux USA, l’écrivain publie «Lolita».
-
1962: Stanley Kubrick transpose «Lolita» à
l’écran.
- 1961: Vladimir Nabokov s’installe avec
sa femme à Montreux. Il y partage son temps entre
l’écriture et la chasse aux papillons! Sa collection a
d’ailleurs été léguée au Musée zoologique de
Lausanne.
- Vladimir Nabokov meurt en
1977.
- 1998: Nouvelle adaptation
cinématographique de «Lolita», cette fois-ci par Adrian
Lyne.
- 2004: «Redécouverte» d’une nouvelle
intitulée «Lolita», publiée en 1916 dans le recueil «La
Joconde maudite». Elle est due à Heinz von Lichberg,
pseudonyme de Heinz von Eschwege, journaliste et auteur
allemand.
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Machine
Translation:
Thursday 15.04.2004, THIS
20:38 |
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A "business"
Lolita?
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swissinfo |
April
15, 2004 15:00
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Detail of the poster of film of Stanley
Kubrick. (image: amazon.com)
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From 1961 to 1977, date
of its death, the Russian writer Vladimir
Nabokov ran happy days in Montreux, thanks in
particular to the success of
"Lolita".
But sulfurous the nymphette of
Nabokov would have an ancestor, born under the
feather from a German writer in
1916... | | |
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"Lolita", of Vladimir Nabokov, was
and is the success which one knows. To such a
degree that it is in particular thanks to the
regular incomes which brought him this novel that
the Russian writer of origin could quietly live
the sixteen last years of his life to the
Montreux-De luxe hotel, on will riviera lemanic.
Of return of the United States, where it had
taught, it had settled there in 1961 with his Vera
wife.
With "Lolita", Nabokov signed in 1955
a deliver-headlight of the literature of the XXe
century. But it also brought a new word to the
world linguistic inheritance: "lolita: nymphette
", defines Small Larrousse, by mentioning the book
of Nabokov as origin to this common meaning - a
lolita - of what was until there only one proper
name.
New
allemande
But here is that to at the end of
March, in "Frankfurter Allgemeine Zeitung", the
critic German Michael Maar announces that the
character which made the glory of Vladimir Nabokov
was born well before the Fifties, in 1916, under
the feather of an ignored German author who has
been just rediscovered.
Born in 1890 in
Marbourg, in the south-west of Germany, the
journalist Heinz von Eschwege publishes in 1916
pennies the pseudonym of Heinz von Lichberg "the
Mona Lisa maudite", a collection of news of which
one is entitled "Lolita".
The narrator, a
ripe man from Germany, settles in a pension of
Alicante. Nothing "seemed in measurement to waste
one week of peaceful beauty", says
it.
"Until at the second day, I live
Lolita, the girl of Severo", the landlord. "It had
young blood and, in more of its shaded
southernmost eyes, of the hair of a rare colour, a
gilded red. Its body had the smoothness and the
flexibility of a boy and its voice were full and
dark "...
One thinks of course of Humbert
Humbert in search of a quiet refuge in Texas,
where it could write. Humbert Humbert which is on
the point of refusing a room in a pension when it
sees the girl of the owner, Dolores, i.e.
Lolita... The continuation is known.
"the
resemblance of the action, the prospect for
narration and the name of the protagonists"
striking, are written Michael Maar, but, it, "it
raise does not have there logical rules which
determine from when coincidences cease being
coincidences".
Plagiarism or not
plagiarism?
The question is thus: Did Nabokov
read the news of Lichberg? Having lived 1922 to
1937 in Berlin, in the same district as the German
author, the thing is not
impossible.
Because if it evolved/moved
mainly in the Russian community of Berlin, Nabokov
spoke seems it sufficiently German to discuss with
his German-speaking wife or to translate poems of
Heinrich Heine into Russian.
But, in German
magazine "DER Spiegel", the critic Marcel
Reich-Ranicki declads an against-argument of
weight: if it acted of a plagiarism, it says, "it
would have been easy to him to hide it and for
example to give another name to its heroin
(...)".
On his side, Dimitri Nabokov, the
son of the writer, in a word sent to the critic
Dieter Zimmer speaks about "storm in water glass
or deliberated mystification". In a letter
addressed to the British newspaper "The Guardian",
it notes in addition that only the real similarity
between the news and the novel is the name of
Lolita, the intrigue itself being a largely
widespread basic intrigue in the
literature.
A basic intrigue, undoubtedly.
But told by Vladimir Nabokov with such a force -
power of the disorder, desire, then drift of
Humbert Humbert - which the origin of its
inspiration, finally, is essential us rather
little.
Remain the words of Nabokov, and,
in a considerable measurement, the images of
Kubrick... And then a name, of course, Lolita, a
name which would never have radiated with such
will have if the Russian writer had not offered
his feather to him.
swissinfo,
Bernard
Léchot | |
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- 1899: Birth of
Vladimir Nabokov in Saint-Petersbourg.
-
1955: Installed in the USA, the writer publishes
"Lolita".
- 1962: Stanley Kubrick
transposes "Lolita" to the screen.
-
1961: Vladimir Nabokov settles with his wife in
Montreux. He shares there his time between the
writing and hunting for the butterflies! Its
collection was bequeathed besides to the
zoological Museum of Lausanne.
- Vladimir
Nabokov dies in 1977.
- 1998: New film
adaptation of "Lolita", this time by Adrian
Lyne.
- 2004: "Rediscovery" of a news
entitled "Lolita", published in 1916 in the
collection "the Mona Lisa maudite". It is due to
Heinz von Lichberg, pseudonym of Heinz von
Eschwege, journalist and German
author.
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EDITOR IN CHIEF |
Thursday 15.04.2004,
CET 20:50 |
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